P62 – Fétichisme de la marchandise, fétichisme de la marque

Si la théorie de la médiation propose de penser le fétichisme comme un trouble social, Marx l’envisage comme un problème de société, le symptôme d’une aliénation : dépossédé de son travail, le prolétaire est également victime de l’apparente autonomie de la marchandise, une illusion qui sert celui qui l’exploite.

Les troubles de la Personne : le fétichisme P62

Mais qu’est-ce qui a bien pu conduire Karl Marx à baptiser fétichisme de la marchandise un concept issu de la déconstruction des rapports socio-économiques qu’il a opérée, dans le Capital, sur la marchandise, la valeur, la monnaie et le capital lui-même ?

– Achille, tu me reçois?

Le philosophe Bernard Vasseur a consacré le quatrième chapitre de « Communiste ! avec Marx » mais aussi une conférence de l’Université Permanente à la question du fétichisme de l’économie sous le capitalisme, un concept qu’il juge central dans la critique marxienne mais que le marxisme orthodoxe a largement ignoré, sans doute à cause de sa subtilité, vu que c’est pas sa spécialité. « Le fétiche est un objet que ceux qui croit en lui sacralisent et dans lequel ils vénèrent un pouvoir mystérieux et obscur et cela alors même que cet objet a été produit par eux et dans lequel ils ne reconnaissent plus le résultat de leurs propres activités. » Et c’est bien là le paradoxe du fétiche : celui qui le construit en ignore la genèse et les rouages et s’en retrouve le jouet. En termes plus médiationnistes, celui qui institue le fétiche (qu’il soit manufacturé ou non) en invisibilise à son insu le mode d’acculturation jusqu’à se persuader lui-même, dans le cas du grand fétichisme, du pouvoir de cet objet sur son être et son propre désir.

Le cinquième des Marx Brothers s’appelait Plumo, Plumo Marx et il n’a eu ni enfants ni rôle à l’écran.

Or dans leur grande majorité, les humains ignorent leur mode de fonctionnement et s’en font un schéma simplifié. Ils en restent aux apparences, autrement dit à la représentation vulgaire que l’humanité se fait d’elle-même, c’est à dire une approche qui a au moins un demi-siècle de retard sur les théories les plus en pointe. Ce qui n’empêche pas les toutologues d’avoir un aplomb du tonnerre pour se persuader qu’ils savent.

Nous avons vu que l’apparence du fétiche est particulièrement trompeuse et largement incompréhensible aussi bien par le malade que par son entourage. Cela est dû au fait que le pervers opère un détournement invisible de l’emblème qui lui est tout à fait personnel quoique sous l’influence de son milieu culturel et dont la logique échappe à tout le monde. De l’analyse en #statuts, on ne voit que l’effet en l’#état et en l’absence de clef, l’énigme fétichiste revêt un caractère grotesque.

Marx a mis en lumière comment dans le monde capitaliste la marchandise occulte le produit, c’est à dire le résultat d’un travail, au profit de sa valeur d’échange, elle-même masquée par son prix qui en devient l’emblème : le prix est donc le fétiche de la marchandise qui occulte elle-même la valeur d’usage du produit et le travail vivant qu’il contient. 

Les soldes tiennent leur force d’attraction de ce tour de passe-passe sur les prix. Que signifie au juste « -50% »? Sur quelle valeur se fonde la réduction? Qu’est-ce qui m’attire vraiment : la facture (la valeur en temps de travail), le produit (sa valeur d’usage), la marchandise (sa valeur d’échange) ou le jeu des étiquettes qui renforce le pouvoir du prix sur mon être et me fait croire que je sors gagnant d’une transaction où de toute façon, le vendeur est bénéficiaire? Même en vendant à perte, il récupère du capital qu’il va pouvoir réinvestir alors que sa marchandise invendue serait restée un poids mort.

L’économiste libéral Friedrich Hayek a insisté sur la dimension informationnelle du prix en ce qu’il constitue un signal qui traduit l’état de rareté d’une marchandise sur le marché. C’est la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande sur un marché concurrentiel non-faussé. Hayek savait que ce système n’était pas parfait (la spéculation ne date pas d’hier) mais il préférait s’en remettre au prix et à ses ajustements qu’à l’intervention d’un planificateur central, l’État par exemple. Pour Hayek, ce dernier doit assurer le bon fonctionnement de la concurrence, en gros éviter la triche, et laisser le prix vivre sa vie, c’est à dire fluctuer au gré de la loi du marché. 

Lors d’une vente aux enchères, Michel Houellebecq n’a pas trouvé preneur et a dû rentrer à pied.

Et nous voilà revenus à notre mégot de Johnny à 483 dollars, rebut sans valeur d’une célébrité qui n’en produira plus, emblème d’un tabagisme rock’n’rollo-rebelle, et qui, parce que disputé aux enchères, a acquis une valeur marchande sans aucun rapport avec le prix d’une simple cigarette écrasée. 

Bernard Vasseur explique le glissement progressif du fétichisme, de la marchandise vers la monnaie, c’est à dire à son prix, puis à l’accumulation de celle-ci, c’est à dire le capital qui vise à porter des fruits, des dividendes, qui, dans le type de capitalisme financier dans lequel nous vivons, donnent l’illusion de s’autogénérer (ne dit-on pas que l’argent appelle l’argent), tout comme les marchés s’auto-réguleraient. Or cette fiction économique où les éléments s’animeraient indépendamment de ceux qui la jouent ou qui la subissent peut être déconstruite par une analyse de type marxienne, et également médiationniste, qui remet la marchandise dans un contexte d’échange plus large et rappelle le caractère technico-industriel du produit mis sur le marché. Ce que le capitalisme tend à fétichiser, l’analyse critique le déconstruit. Les entités qui apparaissent autonomes et interactives retrouvent alors leur statut d’opérations humaines contrôlables. Or Hayek prétend que devant la complexité des procès d’ajustement spontané, il est préférable de ne pas intervenir. Si le mégot de Johnny trouve acquéreur à 483 dollars, pourquoi en faire toute une histoire? Si le fétichiste trouve son bonheur avec une paire de bottines, n’est-ce pas finalement son problème?

D’ailleurs en montrant que nous avons tous une propension au fétichisme, cet article ne vise-t-il pas, sans le chercher expressément, à démythifier la pathologie sans pour autant abolir toute frontière entre sujets sains et malades ?

En 2027, la crise du Nutella pourrait entrainer la chute du capitalisme et l’avènement d’une nouvelle manière de tartiner.

Cependant l’exploration du processus d’institution du fétiche nous permet d’échapper à la « naturalisation » intrinsèque du prix, à l’effacement des rapports sociaux qui le sous-tendent et à la disparition de la facture des marchandises. Le prix invisibilise souvent le travail au lieu d’en être l’indicateur parce que le consommateur ne prend que rarement la peine de s’intéresser à ce qui se concentre derrière l’étiquette chiffrée. L’industrie de masse et la grande distribution focalisent l’attention du l’acquéreur sur l’affaire à réaliser alors que l’artisanat et le marché de producteurs vont mettre l’accent sur le travail qui produit la richesse, celle-ci étant fonction non pas tant de la rareté du produit que de l’activité fournie pour le fabriquer.

A l’inverse, le système de l’argent-dette, c’est à dire les banques, la Bourse et la finance, cache le véritable mode de création de la monnaie au grand public. Le principe en est tellement simple que l’esprit refuse de le penser comme tel et préfère accorder une valeur intrinsèque au billet ou à l’or. Les rouages de la monnaie ne sont pas enseignés à l’école et les initiés se gardent d’en révéler le secret de fabrication pour ne pas agiter les foules et provoquer une banqueroute générale. La société capitaliste elle-même repose sur des leurres qu’elle évite d’exposer au grand jour pour continuer à fonctionner et nombre d’emblèmes sociaux font également l’objet d’un fétichisme institutionnel.

Pourquoi le parfum coûte un bras?

C’est ainsi que le parfum coûte si cher alors que sa valeur d’usage est sans commune mesure puisqu’il s’agit d’un produit de luxe dont on peut donc se passer, sans compter qu’en terme de travail humain, on peut acheter les essences et les mélanges bon marché directement dans les usines de Grasse et les arômes de synthèse ont aujourd’hui envahi le marché. Pourtant sa valeur marchande très élevée permet à l’industrie du parfum de faire de somptueux profits car l’étiquette du prix sur le flacon (contenant et contenu) atteste des statuts de luxe, de rareté et de superflu de la marchandise. Un jerrican entier de Chanel N°5 manquerait son effet. 

En (vous) offrant un cadeau soi-disant (auto-prétendant) précieux pour lequel le flacon esthétique de faible contenu renforce l’illusion, vous conférez au/ à la destinataire ou à votre propre personne la haute valeur marchande de la chose offerte (parce que je le mérite bien!), c’est à dire son caractère précieux. Bien sûr le parfum est agréable aux papilles olfactives mais ne peut-on y déceler l’effet amplificateur de la suggestion. Je vois là une forme de fétichisme ordinaire où l’humain attribue une force mystérieuse à ce qu’il a lui-même fabriqué et institué. Le parfum ne vaut en effet que dans une société qui repousse les odeurs corporelles qui ont pourtant un rôle stimulant dans la sexualité anthropienne. La subtilité des combinaisons d’essences se démarque de la fraicheur grossière d’une eau de Cologne ou à l’agressivité capiteuse du patchouli. Le consommateur est prêt à payer le prix fort pour l’objet emblématique qui lui donne l’illusion du statut : il vit alors dans un état second, il se la joue ou se la pète, il se prend pour ce qu’il n’est pas, il s’arrache à sa « basse extraction » pour accéder en rêve à la condition de celui qui, sans consommer, a la classe que vise le « snob » au sens élargi du terme. Le bouchon en toc doré d’Ambre Fétiche offre au gogo un luxe accessible qui le hisse, le temps d’une petite giclée, dans la cour des grands financiers et des femmes du monde.

Quand tu piques les escarpins de ta copine…

Dans le même ordre d’idées, le raffinement du dandy l’éloigne de la balourdise de l’homme des bois. Sans faire un inventaire des emblèmes opposés, on imagine bien que des effluves délicates d’eau de toilette de marque accompagnent le premier qui ne transpire jamais alors qu’une odeur de sueur rance ou de savon de Marseille précède le second. L’un s’abstrait de sa condition d’hominidé aux fonctions naturelles intrinsèques et affichera tous les emblèmes de ses statuts sociaux avec une conscience de classe très sûre quand l’autre n’aura revendiqué son appartenance à la classe populaire et laborieuse qu’avec l’apparition du jean, du tee-shirt, de la Doc Martens et de la chemise de bûcheron (voir la naissance des skinheads en Angleterre). L’hypersusceptibilité à propos de la tenue vestimentaire n’aura aucune prise sur le « plouc » alors que l’élégant craindra la faute de goût qui le déclasserait. Par son excès, l’extravagant échappe au contrôle social et invente ses propres statuts d’excentriques. Ce qui n’est pas le cas du fétichiste vestimentaire qui cherche à être parfaitement en phase avec les emblèmes en vogue, fashion victim, sous l’emprise des marques comme l’étaient les mods et comme d’autres ont pu l’être aux titres ou aux blasons.

Un maillot pour se donner la carrure.

Les maillots de joueurs de football répondent à la même logique : en se procurant la tenue du champion, c’est sa qualité qu’on achète et les marques en profitent en majorant les prix des articles au nom des vedettes (admirez l’ambiguïté du propos !). L’excellence du porteur initial, c’est à dire son statut d’être hors du commun, occulte le fait que l’accessoire est produit en quantité industrielle et n’a qu’une valeur d’usage ordinaire et une valeur marchande bien moindre. Au lieu de ça, le fan lui attribue une valeur bien supérieure car par fétichisme, il lui attribue un statut d’exception et que par magie, il pense que l’habit transfère à sa Personne la force du champion.

Nous entretenons donc avec les objets une étrange relation où s’offusque ce qui s’y joue réellement. Ce potentiel fétichiste larvé en chacun de nous sert de levier à la publicité dans une méritocratie libérale d’apparat. Faute de pouvoir véritablement atteindre le pouvoir, le consommateur est entrainé à en désirer les emblèmes et à les acquérir. Il fait ainsi tourner la machine économique dont d’autres actionnent les manettes. La voiture est le meilleur exemple de cette aliénation. Vendue comme un symbole de la liberté de se déplacer, l’automobile n’est bien souvent que l’instrument pour aller travailler plus loin, se rendre au supermarché en périphérie urbaine et partir en week-end dans les embouteillages. Présentée comme un accessoire du pouvoir, la berline rutilante à 50 000 euros est une chaine qui asservit son propriétaire à son banquier, à son employeur et au marché. C’est par bien des aspects aussi déraisonnable que de se masturber avec un tablier.

D’abord commercialisé en jerrycan de 20 litres au Moyen-Orient, le n°5 adopta par la suite un conditionnement moins futuriste.

Dans le grand déballage capitaliste contemporain, l’opulence ostentatoire apparait comme le bonheur à atteindre pour le consommateur à qui la publicité cherche à faire perdre tout point de repère. C’est l’actualisation régulière de la plupart de ses statuts que vise la Personne : son statut économique producteur/consommateur n’en est qu’un parmi beaucoup d’autres. Mais le marketing lui fait opérer un glissement vers les emblèmes d’une considération toute factice et matérielle. « Si à 50 ans, tu n’as pas de Rolex », affirmait le publicitaire Séguéla, doré comme un croissant au monoï. Alors l’homme et la femme modernes triment sans répit pour s’offrir les accessoires de cette illusion de la réussite qu’ils prennent souvent pour le bonheur. Ils sont les dindons de la farce consummériste qui se joue dans la société de consommation.

La thèse 36 de Guy Debord dans La Société du Spectacle est la suivante : C’est le principe du fétichisme de la marchandise, la domination de la société par « des choses suprasensibles bien que sensibles », qui s’accomplit absolument dans le spectacle, où le monde sensible se trouve remplacé par une sélection d’images qui existe au-dessus de lui, et qui en même temps s’est fait reconnaître comme le sensible par excellence. 

Guy Debord ou l’art d’avoir raison sans qu’on s’en aperçoive tout de suite…

Debord prête souvent à confusion mais là, il emprunte à Marx. Pour lui comme pour son inspirateur, l’illusion fétichiste a envahi tout l’espace social où s’exercent des antagonismes de pouvoir. Les images qui dominent la société sont les fétiches qui s’agitent sous nos yeux et nous cachent la réalité des véritables rapports de forces qui se figent dans le sensible. Pas plus que le fétichiste, nous n’avons conscience du glissement qui s’opère entre ce que nous voyons, la matérialité d’usage de la marchandise, et le véritable enjeu de rapports sociaux qui s’y nouent (rapports économiques capitalistes). Nous croyons avoir besoin d’un objet, or nous désirons ce qui se dissimule sous son apparence utilitaire. Le fétichiste croit lui aussi désirer un objet. Or c’est le statut que ce dernier représente qui le magnétise et l’aimante. Le consommateur pense vouloir un bien de consommation utile mais c’est autre chose que lui fait miroiter la publicité: pas plus que le fétichiste, il ne désire vraiment l’objet mais le marketing le pousse à l’acquérir. Cette technique commerciale opère le glissement pervers qui pousse à la consommation. Vous cherchez la distinction et tu te retrouves avec des escarpins Fringe Knife à 795 euros aux pieds, ou, si tu es financièrement un peu plus juste, un survêtement Tacchini tombé du camion avec le pantalon rentré dans les socquettes Lacoste achetées en lot de cinq. 

Pour identifier un teddy boy, il suffisait de regarder comment il était habillé : ce dernier portait un des vêtements inspirés par les dandys de l’époque édouardienne, avec un pantalon fuselé, une veste longue et un gilet.

Se distinguer, c’est repousser le plébéien hors de son cercle : quartiers huppés, hôtels de luxe, restaurants hors de prix, clubs privés, classe affaire et dîners sélects. Dans les lieux publics où il y a un brassage inévitable (mais rassurez-vous Bernard Arnaud ne prend pas le train), on se mêle sans se confondre par le vêtement, la voiture et tous les signes extérieurs de richesse. S’ils traduisent le véritable statut chez ceux qui ont les moyens, les contre-façons font florès et attirent le consommateur lambda qui s’offre pour pas très cher l’illusion d’appartenir à la classe de ceux qui portent les originaux. L’imitateur ne se doute pas que les grands bourgeois arborent des marques dont le vulgaire profane ne connait même pas le nom. 

Le marketing fétichise donc des labels finalement grand public mais qui font croire qu’on peut avoir accès au statut d’une classe sociale en achetant les vêtements qu’elle est supposée porter. Les « minets » ne sont donc pas spécialement des petits bourges mais plutôt des jeunes issus de milieux modestes qui cherchent à paraitre ce qu’ils voudraient être. Qu’elle soit teddy boy ou chicano, le goût pour la sape n’est plus l’apanage du dandy. Mais le prolo qui cherche à s’habiller comme ceux qui décident de son sort économique, parfois en le parodiant, parfois en l’exagérant, l’ouvrier qui s’endimanche pour sortir, la mariée qui s’habille comme une princesse dont elle ne partagera la destinée que l’espace d’une soirée, bref celui qui achète des vêtements pour paraitre plus qu’il n’est se laisse plus ou moins consciemment abuser par la marque ou l’apparence, alors qu’il n’acquiert pas le titre qui va avec. Comme le fétichiste, la fashion victim est le jouet de son obsession : elle se laisse tromper par la dialectique à l’oeuvre derrière l’objet. Ce dernier n’a rien d’érotique ou de magique. Il n’a en soi aucun pouvoir mais endosse celui qu’on lui octroie par un glissement du statut vers l’emblème. Dans tous les cas de figures, on cherche à accéder au statut ou à l’un des statuts de l’Autre qu’on convoite par un moyen détourné.

Signé Starck, Philippe Starck

La « chosification des rapports sociaux » et la « personnification des choses » que débusque Marx font irrésistiblement penser à l’illusion fétichisme tel que nous l’avons décrite. Dans les deux cas, l’objet fascine et acquiert un pouvoir sur la personne qui n’existe que parce que cette dernière la lui octroie. C’est un jeu de dupes, idéologiquement entretenu dans le cas du capitalisme et de l’ordre de l’impératif impondérable pour le pervers. Dans les deux cas, la victime du fétiche ne pâtit finalement que de son propre chef : c’est une aliénation qui la dépossède de sa propre créature. C’est ainsi que la marchandise, la valeur et l’argent échappent à leur créateur qui s’en laisse alors conter par ce qu’il devrait pourtant maitriser puisque la richesse nait du travail humain. Mais s’il ne peut le faire, c’est parce que le capital apparait autonome et tout-puissant dans cette histoire sauf qu’il n’a que le pouvoir qu’on veut bien lui accorder tout comme la marchandise et l’argent n’ont aucune valeur intrinsèque.

Marx a donc très justement utilisé le terme fétichisme et lui a donné une dimension heuristique essentielle. On pourrait lui reprocher de ne pas avoir clairement séparé l’aspect technique des rapports économiques et de ne pas distinguer le travail du mode de production, de réduire l’univers social au monde du travail. Certes, la théorie marxienne aura, au cours du siècle suivant, besoin de s’enrichir de l’apport de Mauss comme chez Polanyi notamment. Toujours est-il que le principe du fétichisme transposé dans une société matérialiste de consommation a fourni d’intéressants pistes à la critique du capitalisme tout au long du XXème siècle.

Tout le reste est dans le Capital ! A la revoyure !