A3 – Se sortir d’un mauvais sillon

Et si vous étiez trop savant pour vraiment apprendre… être une parfaite quiche, ça se mérite! Et je vous le montre grâce à une anecdote tirée du terroir.

Prolégomènes A3

Gamin, j’adorais voir les charrues de mes oncles retourner la terre. Ils m’expliquaient que le labour était bénéfique à la régénération du sol: ça donnait un bon coup de fouet à la glèbe et moi, j’aimais voir les énormes copeaux se retourner comme du caramel frais. Il m’est arrivé plus tard de jardiner un peu et j’avais toujours à coeur de biner bien profond pour aller chercher la bonne terre fertile en me rappelant les conseils de mes vieux tontons de Bretagne.

Or j’ai découvert assez récemment que le bêchage en profondeur perturbait gravement la vie microbienne du sol sans oublier de vous casser les reins. La grelinette a peut-être un nom de fille facile mais elle est aussi écolo qu’ergonomique.

Pendant près de cinquante ans, je suis donc resté dans l’ornière du sillon, persuadé que c’était l’unique manière de cultiver. Et je vous fais grâce d’un exposé sur la permaculture et autres techniques alternatives. J’ai grandi sans le savoir dans la théologie de la monoculture intensive et du productivisme agricole. Ça m’est venu à l’esprit au contact de militants plus écolos que moi : ma conception du labourage avait l’âge de mes vieux oncles. Paix à leur âme !

C’est à peu près ce que voulait dire Gaston Bachelard en 1938 dans La Formation de l’Esprit Scientifique : « Face au réel, ce qu’on croit savoir  clairement offusque (NDLR : masque) ce qu’on devrait savoir. Quand il se présente à la  culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés. » 

Autrement dit, d’une manière générale, on en sait toujours TROP pour bien apprendre et ce TROP nous retarde quand le changement s’impose. Encore faut-il se rendre compte que le moment est venu de changer la configuration de la doxa (le savoir établi, institué et partagé qui s’impose comme évident) et d’entrer dans le paradoxal (ce qui déconcerte, qui sort du concert à l’unisson, c’est à dire de la doxa. On parle à présent de contre-intuitif). Nous allons nous atteler à vraiment changer la donne.

Tout cela pour vous avertir que votre savoir va sans doute résister à ce que vous lirez. C’est le signe que vous n’êtes ni une éponge absorbante ni un caméléon paranoïaque. Avec un peu de chance, vous n’êtes pas non plus un cador récalcitrant. Juste une quiche.

Tout le reste est littérature. A la revoyure !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *