Les troubles de la Norme N20
Petit rappel. La théorie de la médiation met un point d’honneur à valider son modèle en le soumettant à l’épreuve clinique, c’est à dire au test de la déconstruction spontanée par la pathologie des facultés suggérées par l’application analogique du plan du Signe sur celui de la Norme. Oh le vilain jargon médiationniste!
Bon, disons qu’en toute logique, à chaque faculté doit correspondre une pathologie spécifique comme c’est le cas avec les aphasies ou comme nous l’avons vu avec les psychoses et les perversions sur le plan de la Personne. Pourquoi me direz-vous si vous n’avez pas suivi tous les épisodes? Je vous renvoie en M9 et en P24 si vous avez un peu de temps. Sinon, acceptez sans rechigner le postulat de Gagnepain pour qui la clinique, c’est à dire l’étude des dysfonctionnements psychiques, est le terrain légitime pour valider une hypothèse sur le fonctionnement général. La psychiatrie et la psychanalyse l’avait largement devancé sur ce point.
Mais alors que la psychiatrie américaine a dès 1952 produit un Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (le fameux DSM1), une sorte de catalogue particulièrement épais pour permettre à de nombreux psychiatres de différencier le normal du pathologique, d’établir un diagnostic et de proposer du soin, la théorie de la médiation, à l’instar de la psychanalyse, ne cherche pas en premier lieu à répertorier les symptômes afin de définir la pathologie dont souffre tel ou tel patient. Elle tend avant tout à comprendre la cohérence interne du syndrome et non à expliciter en quoi le malade s’écarte d’une norme difficile à fixer. Rappelons au passage que la Norme dont il s’agit sur le quatrième plan est un synonyme de refoulement, de #noloir et de négation de la pulsion.
D’une manière générale, le patient souffre du mauvais fonctionnement d’une faculté que tout un chacun exerce. Le dysfonctionnement peut provenir d’un excès (trouble autolytique) ou d’une carence (trouble fusionnel) de la dialectique. Sur le plan de la Norme, cela se traduit par deux types de déséquilibre, l’impossibilité de rétablir l’équilibre étant le signal de la pathologie.
Frein bloqué ou en roue libre
Si le refoulement de la pulsion est excessif, la barre est placée trop haut et la jouissance constamment remise, voire étouffée. Cette peine à jouir va se traduire de multiples manières: ce sont les symptômes névrotiques et hystériques. Gagnepain et ses élèves ont trouvé dans les littératures psychanalytique et psychologique un matériel luxuriant, d’autant plus abondant que la bi-polarité est de la partie, ce qui entraine des phénomènes trompeurs qui nécessitent une interprétation des symptômes bien au-delà d’une simple collecte pittoresque.
Si le noloir montre des faiblesses, la pulsion ne rencontrera qu’une opposition lacunaire et s’exprimera de manière plutôt brute, au sens de non-traitée, la brutalité n’en étant qu’une modalité particulière. C’est le domaine des psychopathies et n’est pas psychopathe qui veut puisqu’impuissant à se retenir, le psychopathe n’exerce pas sa volonté mais se laisse submerger par son envie, ce qui n’est pas du tout la même chose et nous amènera, sur les pas de Michel Clouscard, à remettre le point sur le « i » de mai 68 et en question l’idéologie du désir du libéralisme.
Notre feuille de route est donc toute tracée. Les névroses pour commencer (l’hystérie en fait partie), les psychopathies ensuite. L’idée, c’est, comme Gagnepain en avait émis le souhait, de dresser huit portraits-robots à la manière, mais sans le talent d’Hubert Guyard, pour les troubles de la Personne. Vaste perspective qui recouvre un nombre conséquent de concepts susceptibles de nous aiguiller bien au-delà du simple trip intellectuel dont je vous livre toutefois la carte.
Tout le reste est littérature. A la revoyure!