M13 – Pourquoi la porte du moulin ne ferme pas

Imaginer la dialectique n’est pas chose facile sans matière première. Elle s’exerce forcément sur du réel et nous aurons tout notre temps pour l’appliquer dans les parties qui suivront. On pourrait pourtant résumer la chose ainsi : A s’abstrait en non-A qui se réactualise en non-non-A et donc A+. C’est clair, non ?

Qu’est-ce que la médiation? M13

La dialectique opère sur quatre types de matériaux naturels : l‘Objet qui est une représentation symbolique de la réalité perçue, le Trajet qui peut être imaginée comme une activité physique, avec instrument ou sans, le Sujet qu’on peut concevoir comme la condition de vie animale (croissance, reproduction, élevage du petit) et enfin le Projet qui est, grosso modo, un autre terme pour l’envie.

Cette mise en forme au sens de #Gestalt est une configuration, je l’ai déjà dit. C’est à dessein que nous réserverons le mot de #structure (mais aussi d’analyse) qui a pour la théorie de la médiation un sens très pointu. Vous trouvez peut-être laborieux, pour ne pas dire chiant, d’avoir à recadrer continuellement votre vocabulaire par rapport au nôtre. Je vous l’accorde. Mais c’est nécessaire : y a de la structure à toutes les sauces depuis Saussure et le concept en aurait presque perdu sa valeur, valeur étant par ailleurs le terme choisi par Saussure pour désigner un élément de la structure, si on n’y avait pas pris garde.

Mais revenons-en à la dialectique, elle aussi largement galvaudée par les philosophes de salon et les agitateurs du grand soir à la petite semaine. Je pense notamment à Sky de Thinkerview, une chaine Youtube que je recommande par ailleurs.

La thèse est cette phase positive avec des phénomènes observables dans n’importe quel documentaire animalier ou avec un minimum de curiosité. Les éthologues rencontrent toutefois les mêmes difficultés que les chercheurs en sciences humaines : le sujet est vivant et encore moins conscient de ce qui se passe en lui.

Cette phase initiale s’observe également chez l’humain mais là, il faut se livrer à une déconstruction minutieuse pour séparer le naturel du culturel qui revient au galop. Car la réalité humaine ne se laisse pas appréhendée comme un braqueur en cavale au bout du rouleau. Ce n’est déjà pas simple avec la nature et ça se complique quand elle interfère avec la culture, autrement dit c’est compliqué de faire la part des choses entre l’#anthropien et l’humain. Si ça ne relève pas toujours du laboratoire, l’observation n’a rien de spontané et nécessite qu’on sache ce qu’on cherche.

Il en va donc ainsi de la performance de la dialectique qui dans sa phase virtuelle, l’antithèse, nie l’expérience observable. Par nier, j’entends qu’elle contredit abstraitement la configuration gestaltique, la forme naturelle que génère l’animal : l’instance (que nous préférerons au terme d’antithèse) vide le matériau naturel de sa substance pour le transformer et lui donner une autre forme, bref pour le structurer.

Et là, vous allez me dire : «  C’est bien beau tout ça mais comment est-ce qu’on le sait puisqu’on ne voit rien ? » Eh bien, on le suppose pour comprendre ce qui se passe dans la troisième phase de la dialectique dont on peut observer les effets. Vous ne voyez pas le vent mais il constitue la seule explication à l’herbe qui se couche et au parapluie qui se retourne.

Car lors de ce que dorénavant nous n’appellerons plus la synthèse comme tout le monde, la contradiction (expérience physique VS instance structurale) est dépassée dans un ré-aménagement qu’on peut du coup observer mais qui ne peut se comprendre que par ce filtrage que la théorie de la médiation appelle l’analyse.

Le résultat du moment de réinvestissement en phase 3 est très éloigné des faits de la phase 1 : il se perçoit, se constate, s’enregistre, se mesure mais il ne peut s’expliquer là où il se manifeste puisqu’il trouve sa source dans un pôle qu’on ne peut observer immédiatement. Les faits proprement humains sont le fruit d’un processus complexe et invisible qui empêche de comprendre d’emblée ce qui se passe.  

C’est un peu comme l’iceberg ou le bouton d’acné. Vous pouvez vous laver la face dix fois par jour sans empêcher le comédon de se pointer. Plus de fruits et légumes et même de lumière, moins de sucre, d’amidon, de viande et de produits laitiers (ah, nos amis pour la vie !) et ça pourrait s’arranger un peu. Le symptôme ne s’explique et ne se soigne donc pas là où il se montre. C’est une image mais ça vous évitera d’embarquer sur le Titanic du cognitivisme à deux balles.

Une dernière remarque avant de vous lâcher. La performance culturelle peut devenir le matériau de la configuration gestaltique ou de la médiation dialectique : ce qui laisse présager des perspectives vertigineuses. On y vient.

Tout le reste est littérature. A la revoyure ! 

Et le titre ? me direz-vous! Eh bien… je n’en sais plus trop rien mais sur le coup, ça faisait un contrepoint parfait à l’image!

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