M7 – 4 en 1

Selon la théorie de la médiation, ce n’est pas une Raison mais quatre rationalités qui déterminent l’être humain. Cette absence de primauté de l’une sur les autres la distingue des autres modèles généraux de l’homme, largement réductionnistes.

Qu’est-ce que la médiation? M7

A l’heure où la société française du XXIème regarde l’homme politique avec une suspicion tout à fait compréhensible, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que l’homo politicus ou politikos anthropos dans la langue d’Aristote est aussi humain et respectable que l’homo faber (l’homme qui fait) ou l’homo sapiens (l’homme qui pense). Je ne poserai pas ici la question de savoir lequel des trois est apparu le premier. Je postulerai même que l’anthropien émerge au cours de l’aventure humaine à l’Outil et au Signe en même temps qu’à la chose politique, et nous y ajouterons même l’éthique comme quatrième pilier et l’homo moralis pour compléter la tétralogie conceptuelle que Gagnepain a modélisée. 

Ado erectus Turkana

Qu’il me soit permis d’insister sur la nécessité de ne pas assimiler l’évolution de l’espèce humaine toute entière au développement de l’individu. Ce dernier suit un processus de maturation de la conception jusqu’à l’adolescence, âge où le petit humain peut se reproduire et ainsi assurer la pérennité de l’espèce. Avant, il aura appris à parler, à fabriquer et à vouloir. Quant à savoir comment l’humanité franchit le pas au-delà du règne animal, c’est une autre histoire dont l’épilogue risque bien de se faire attendre encore un peu.

En d’autres termes, il est actuellement impossible de savoir si l’homme a d’abord été bricoleur ou social, s’il a parlé avant d’être vertueux. Les médiationnistes auraient même tendance à penser que toutes ces facultés ont émergé simultanément dans la mesure où elles font intervenir le même principe général qu’on désigne sous le terme de médiation. Gagnepain s’autorise même à penser que celui-ci est inné : c’est le matériau qui l’alimente qui lui ne l’est pas et n’arrive que progressivement à maturité. L’hypothèse est logique mais aucunement vérifiée.

Autrement dit, la théorie de la médiation postule que le même traitement dialectique s’applique à quatre « contenus » naturels : elle définit ainsi quatre plans de médiation dont la numérotation correspond uniquement à leur mise en évidence par Jean Gagnepain. Dans la chronologie, l’enfant accède d’abord au Signe (plan 1), puis à l’Outil (plan 2), à la Norme (plan 4), et enfin à la Personne (plan 3). La numérotation est donc relativement fortuite et ne correspond à aucun ordre de grandeur ou d’importance.

Je visualise volontiers le modèle sous la forme d’un tétraèdre régulier en verre, volume à quatre faces en forme de triangle équilatéral, impacté par des faisceaux lumineux. Aucun des plans n’est plus important que l’autre et ils sont tous en interaction par la lumière qui se diffracte. Un même marbre leur donne leur forme. Leur différence réside dans le matériau dont ils s’alimentent. Le processus de transformation est unique mais appliqué à des réalités diverses : il résulte une multitude de phénomènes qui peuvent au premier abord sembler disparates. C’est l’objectif de la science de regrouper sous un minimum d’explications un maximum de faits.

C’est ce qui a conduit la tradition philosophique occidentale à tout ramener à la pensée, les marxistes à tout subordonner aux rapports économiques ou Freud à tout centrer sur la pulsion sexuelle.

C’est même le propre de l’homme d’identifier, de dénombrer, de classer et de relier les faits, de réduire l’extrême diversité et la multitude des observations en principes explicatifs. Tant mieux car c’est tout de même plus reposant de penser le concept de triangle que d’essayer de visualiser tous les triangles de l’univers à la fois.

Tout le reste est littérature ! A la revoyure !

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