Qu’est-ce que la médiation? M12
En regardant le schéma sur lequel s’est achevé Au-delà de la Gestalt, on pourrait confondre la structure médiationniste avec la configuration gestaltique notamment en raison des axes. Mais la différence est de taille. Pour l’animal, l’objet 2 se substitue à l’objet 1 : il prend sa place et l’autre disparaît dans l’esprit de l’animal. Un point, c’est tout. Sur l’axe de la sériation, l’objet A s’accumule avec l’objet B : cette association n’est pas interactive. Et cela fonctionne pareillement pour trajets et projets.
Dans l’analyse en revanche, la dé-composition s’accompagne d’une interaction entre les composants.
C’est peut-être plus facile à se figurer pour la genèse : le sujet se constitue autonome à l’âge adulte et s’identifie comme comme mâle ou femelle principalement en période de rut. Il est l’un ou l’autre par nécessité biologique à des fins de reproduction. La différenciation se fait sur un axe taxinomique alors que sur l’axe génératif, il sera question d’engendrement, de génération, de perpétuation de l’espèce : le sujet F1 (avec la complicité du sujet M1) engendre le sujet 2 (M ou F) et l’assiste jusqu’à sa majorité naturelle (sa maturité sexuelle) où il s’accouplera avec un autre sujet et si son géniteur ou sa génitrice, en tous cas de sexe complémentaire, est encore fécond, il fera aussi bien l’affaire. L’animal (en dehors peut-être des grands singes) ne s’embarrasse guère des liens de parenté dont l’humain fera ses choux gras. Et nous aussi mais plus tard.
La structure à toutes les sauces
La forme gestaltique a donc deux faces, qui sont les deux pôles d’une relation naturelle. Configurer, c’est donc installer de la frontière naturelle. Analyser, c’est poser de la frontière culturelle. Mais que les internationalistes se rassurent, l’humain ne pose de frontières que pour instaurer de la relation. Il faut deux éléments pour avoir un rapport : il faut donc savoir faire la différence entre ça ou pas-ça, et entre là et pas-là. Les linguistes, Ferdinand de Saussure en tête, avaient compris l’importance du système. Les structuralistes vont leur emboîter le pas et mettre de la structure partout à la suite de Lacan, Althusser et Foucault. C’est loin d’être idiot de leur part, tout au plus incomplet.
Mais très souvent quand vous rencontrez le mot structure, on ne vous parle pas du principe structurant comme ici avec l’analyse structurale mais bien souvent du résultat d’une telle analyse. Et comme elle est discrète et difficilement soupçonnable, on confond l’effet avec la cause qu’on finit par oublier. Et on vous parle de structure métallique enrobée, de structure narrative cachée sous le récit, de superstructure chez les marxistes ou de structure gonflable chez les rois de l’évènementiel.
Pour la théorie de la médiation, il n’y a pas d’arrangement qui tienne : la structure est un ensemble où l’élément se définit négativement comme étant ce que les autres ne sont pas : le filet se définit par le fil des mailles, pas par l’espace que chacune définit pourtant. La structure est analyse et, contrairement à ce que pensaient les structuralistes qui pour le coup ont manqué d’imagination, s’inscrit dans un mouvement dialectique.
On a justement reproché au structuralisme d’être formaliste parce qu’il avait une fâcheuse tendance à figer la forme. C’est comme si on étudiait une photographie sans prendre en compte le fait qu’elle n’est qu’un instantané, alors que tout est en perpétuel mouvement et ce n’est pas Marx et Engels qui nous contrediraient.
L’instance est donc négative à double titre. D’un côté, elle nie l’expérience et installe la contradiction. De l’autre, les éléments qui se définissent en elle le font sur un mode négatif : ils sont de ne pas être ce que sont les autres. Il faut un certain strabisme intellectuel pour ne pas perdre ces deux aspects de vue.
Tout le reste est littérature. A la revoyure !