Qu’est-ce que la médiation? M1
La théorie de la médiation repose sur un constat initial : l’homme appartient au règne animal par la biologie, l’étude des organismes vivants, et l’éthologie, l’étude des comportements animaux. Il garde tous les caractères de l’animal (il nait, respire, se développe, vit, se nourrit, se reproduit, meurt et j’en passe) mais il en fait quelque chose d’un autre ordre.
Autrement dit, en tant qu’animal pour ne pas avoir à remonter au gros légume ou à la belle plante qui est en chacun de nous, l’humain est éthologiquement, c’est à dire naturellement, conditionné. Il partage avec l’animal les fonctions supérieures, ces aptitudes à accomplir certains actes qui lui permettent de survivre et de perdurer.
Et pour insister une fois encore sur le fondement biologique, et par conséquent délivré de tout angélisme, de l’approche médiationniste, ce postulat nous permet de démarrer en terrain connu : le traitement animal de certaines fonctions a en effet été largement étudié.
Mais avant d’entrer dans le détail, écartons un malentendu fréquent : le fait de partager des fonctions supérieures avec l’animal ne nous y réduit pas. La condition humaine ne peut pas se résumer au conditionnement animal. S’il existe un déterminisme humain, il n’est pas comparable à celui qui régit la nature. L’analogie entre les comportements animaux et humains a donc des limites qu’on atteint rapidement et si elle est parfois sensationnelle, la comparaison est loin d’avoir raison sur toute la ligne.
Quand on m’explique qu’au-delà de 50 individus, des grands singes n’ont plus le temps de tous s’épouiller mutuellement et que ça pose un problème à un modèle vraiment démocratique pour nos sociétés, je reste dubitatif. Et que dire de cette publicité qui tombe à l’instant dans ma boite mail ?
Outre le logocentrisme psychanalytique, c’est à dire la réduction de l’homme à la pensée et au désir, la revue prête à l’animal une humanité et une qualité de vie idylliques.
L’humain n’est pas un animal élaboré, seulement doué d’un peu plus d’imagination que le poulpe. Certes il a une base éthologique dont on peut observer les effets mais il accède à un ailleurs : la Culture. Et ce phénomène d’acculturation est sa nature même : la nature humaine est par conséquent la Culture. L’homme échappe spontanément à son animalité. Spontanément signifie ici sans intervention voulue et sans effort particulier de sa part.
On prend trop souvent et à tort modèle sur la nature. Que ce soit la loi de la jungle pour justifier la concurrence ou la coopération des plantes pour encourager l’entraide, nous n’y trouverons rien d’autre que des fables pour étayer nos choix. C’est efficace mais ça ne tient pas.
Même le plus bestial des êtres humains a plus d’humanité que le plus snob des bonobos mais chez les bêtes, la monstruosité ne dépassera pas le veau à deux têtes ou le mouton à cinq pattes. Le monstre humain nous réserve bien d’autres surprises.
Le danger intellectuel qui nous guette continuellement est de projeter notre propre représentation sur la réalité animale quitte à la transformer en modèle par rétroaction. Nous voilà revenus au totem et aux armoiries, bref à la magie et au mythe. Deviens l’enfant-loup de Kipling ou le prisonnier de la vache Marguerite ! Mets un aigle sur ton blason ou ton blouson pour décupler ta puissance ! Regarde comment vivent les fourmis et prends-en de la graine ! Allons donc ! Rappelez-vous les bêtises que Mandeville a fait dire à ces pauvres abeilles (voir annexe). L’éthologie vaut mieux que ces métaphores aussi filées que des bas nylon bon marché.
Nous partageons un « minimum vital » avec l’animal mais aussi le végétal selon l’expression de Gagnepain et nous allons y consacrer les prochains chapitres avant d’aborder les mécanismes qui échappent à nos colocs naturels sur cette terre.
Tout le reste est littérature ! A la revoyure !
A se péter la ruche:
Voici un article édifiant sur la dérive éthologique et le délire libéral :