M2 – Pourquoi tu dis rien, Koko?

Les lecteurs attentifs auront compris que le chiffre 4 allait truffer notre exposé. Nous allons donc présenter ce que Gagnepain appelle les fonctions supérieures ou fonctions gestaltiques qui sont au nombre de… je vous le donne en 1000… au nombre de quatre. Ne vous attendez pas à une somme éthologique : on se contentera du minimum pour bien voir comment l’humain nait dans l’animal.

Qu’est-ce que la médiation? M2

Nous commençons le survol des fonctions par les sens. Comme nous, les animaux (mais aussi les plantes) perçoivent la réalité. Les mammifères, pour ne parler que de ceux qui nous sont les plus proches, reçoivent à travers leurs sens des millions de stimuli gustatifs, visuels, auditifs, tactiles ou olfactifs.

Nous commençons le survol des fonctions par les sens. Comme nous, les animaux (mais aussi les plantes) perçoivent la réalité. Les mammifères, pour ne parler que de ceux qui nous sont les plus proches, reçoivent à travers leurs sens des millions de stimuli gustatifs, visuels, auditifs, tactiles ou olfactifs.

La loi de clôture: un ensemble de taches informe tend à être perçu comme une forme.

Ce sont des informations élémentaires qui sont mises en forme par #gestaltisation. Les taches par exemple deviennent des figures selon des principes de configuration. Il en va de même pour toutes les autres types d’informations et l’objet est l’ensemble organisé de ces diverses informations. 

La sensorialité ou l’esthésie est la capacité de sentir et l’anesthésie est la privation d’un ou de plusieurs sens. La gnosie est le traitement gestaltique des résultats de la sensorialité, autrement dit la capacité qui permet de discerner de l’objet. L’agnosie est la privation de cette capacité.

La construction de l’objet nécessite donc une configuration par le cerveau : le réel ainsi perçu varie suivant les espèces. L’objet varie selon l’animal qui le perçoit à l’aide des sens plus ou moins aiguisés à sa disposition.

Les chevaux voient les choses beaucoup plus grandes qu’elles ne le sont en réalité, ce qui explique qu’ils peuvent très bien percevoir un insecte sur la route ou un poisson filer dans l’eau d’un ruisseau à côté duquel ils passent et en avoir très peur car ils les voient beaucoup plus grands. 

Les chauves-souris qui voient aussi bien que nous le jour ont en revanche l’oreille fine et se dirigent donc au sonar la nuit dans un réel que j’ai un peu de mal à m’imaginer. Je ne m’étendrai ni sur les méduses ni sur les virus.

Pour ceux que le sujet passionne, une petite vidéo SYMPA s’impose.

Voilà pour le quart d’heure zoologique. Si on en revient à l’esthésie, elle peut se perdre partiellement sans que la gnosie en soit directement affectée. Coup de bol pour l’aveugle qui va compenser auditivement et tactilement son défaut visuel. Les sens livrent donc du matériau cognitif à la perception qui le configure en objets.  Mais l’animal peut aller plus loin. Il discerne tout d’abord les objets les uns des autres. Son réel n’est donc pas continu. De plus, relié à un autre objet, un objet 1 peut devenir l’indice d’un objet 2 qu’on appellera le sens. La théorie de la médiation désigne comme symbole cette relation indice-sens. Ce n’est pas à proprement parler une relation abstraite même si indice et sens sont parfois très éloignés l’un de l’autre, notamment avec un conditionnement adéquat. Lire à ce propos l’effet Obao (M14)

Pour signaler un spot de pollen, les abeilles exécutent deux danses différentes : la danse en cercle et celle en huit. Les variations de cette dernière indiquent la direction et la distance par rapport à la ruche. Dans le premier cas, ça veut simplement dire que c’est à moins de 100 mètres et du coup, elle ne se fatigue même pas à indiquer vers où. Trop crevarde l’abeille !

Un mâle rouge-gorge attaque automatiquement un autre mâle qui lui présente son poitrail orange. L’indice (objet 1 : orange) est associé au sens (objet 2 : mâle rival), ce qui provoque l’attaque. Vous lui présentez un tissu orange. Il l’identifie comme rival et l’attaque également. L’association symbolique conduit l’animal à se tromper. Trop miro le piaf !

La même mésaventure arrive au taureau qui attaque systématiquement la muleta au lieu de charger celui qui l’agite et ce dernier se garde bien de tortiller du cul quand passe la bête écumante. Pas folle la guêpe !

Gagnepain qualifie de symbolique ou d’imaginaire cette relation sérielle entre indice et sens qui peut aller plus loin si l’animal a de l’imagination ou si le dressage est bien fait.

L’association d’idées n’est pas autre chose: ça me fait penser à telle chose qui elle-même me renvoie à telle autre qui elle-même… et de fil en aiguille, on enfile des objets dans un processus de sériation qui donne l’impression que l’animal domestique est doué d’intelligence, que les fourmis conversent et que les cigales chantent leur joie de vivre. Je mets le couvert et mon poisson rouge salive. Nan, je déconne !

Quant à cette brave Koko, gorille qui vient de s’éteindre à 46 ans, elle aura vécu toute sa vie en captivité avec une éducatrice sur le dos. Saluons simplement sa patience.

Ce n’est pas faire affront à l’animal que de le laisser dans son propre règne.

Tout le reste est littérature ! A la revoyure ! 

Pour ceux qui veulent aller plus loin dans l’affaire Koko :

https://www.nationalgeographic.com/magazine/1978/10/conversations-with-koko-the-gorilla/

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