A6 – Retour à Capharnaüm 2019

L’université est parfois paresseuse parce que les places y sont confortables. Pensez donc ! Un statut, une chaire, un bureau avec son nom sur sa porte, des recherches et des publications dans des revues qu’on lit entre soi, des ouvrages à la bibliothèque, des invitations à des colloques, des conférences, la reconnaissance des collègues. Le savoir académique est une institution et toutes les institutions résistent au changement : on ne change pas d’#habitus comme de chaussettes. Ce ne serait pourtant pas du luxe.

Prolégomènes A6

En saisissant sciences humaines sur le moteur de recherche Google, je tombe infailliblement sur :

Vous remarquez sans difficultés que sciences humaines et sociales sont à la fois dissociées et liées, une dichotomie qui sous-entend que l’anthropologie (étude de l’homme sous son aspect culturel et non biologique ou éthologique) serait composée de deux versants : un côté individuel et un côté collectif, le premier précédant invariablement le second.

Naïvement, j’en déduirais presque que l’individu précèderait la société, ce qui nous renverrait à une conception individuelle de l’humain qu’on voit clairement apparaitre au XVIIème en Occident et qui est toujours en vigueur dans l’esprit de nos classes dirigeantes actuelles et de la plupart de nos contemporains. Dans La Dissociété, Jacques Généreux fait une critique claire et bien documentée de ce biais philosophique.

Le site La Toupie, un site qu’on recommande par ailleurs propose un classement des différentes disciplines.

Vous noterez l’absence de la psychanalyse écartée pour des raisons de scientificité insuffisante : ses affirmations ne permettent pas une mise à l’épreuve suffisante et donc une éventuelle réfutation. La psychanalyse ne peut pourtant pas être écartée complètement comme nous le verrons ensemble.

Von Hayek a construit tout son édifice économique sur le dogme de la faculté autorégulatrice du marché.

Vous noterez a contrario la présence de la science économique. Or l’économie n’offre pas plus de gages scientifiques que la psychanalyse. Elle est souvent aussi spéculative que la philosophie.

Vous noterez encore la présence du droit qui définit ce qui est obligatoire, autorisé ou interdit. Or chaque société possède le sien. Peut-on envisager une science pour chaque société ?

Vous noterez enfin la présence de la pédagogie qui est une pratique en vue d’un changement. Or une science ne vise pas à changer l’état des choses mais à le présenter et à l’expliquer.

Je ne vais pas épiloguer sur cette classification pour le moins hétéroclite : ma conclusion est dans le titre de l’épisode. Une perspective historique montrerait leur ordre d’apparition dans la pensée philosophique d’abord, puis scientifique ensuite. Mais on s’en fout un peu. 

L’économie serait une science : vaste blague. On est dans le domaine de la croyance et du religieux !

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en 2019, subsiste toujours un état du savoir archaïque qui repose sur de vieilles pratiques qui ont toujours cours à l’université. C’est mal organisé et vieillot.

Au rayon des nouveautés, les neurosciences qui ne figurent pas ici oscillent entre les laboratoires de chimie et la fac de médecine. Le conditionnement cortical des #facultés n’est que rarement à l’ordre du jour dans les départements des sciences humaines qui manquent cruellement de crédits. Pour une fois, on ne peut pas en vouloir aux capitalistes. Mettez des fonds dans les mains d’incompétents, ils vous en feront de la merde qui brille. Faute d’assise solide, l’intelligence artificielle est bien partie pour le prouver.

Tout le reste est littérature. A la revoyure !

A lire absolument:

C’est assez long mais limpide et très pédagogique. La Dissociété de Jacques Généreux, p. 283, éditions du Seuil, collection Points. En revanche, l’auteur s’appuie sur un état historique dépassé des sciences humaines.

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