le plan de la personne P2
Étendons-nous dans ce chapitre sur la notion de corps. L’organisme de l’individu est très majoritairement sexué. Il est mâle ou femelle. Par la complémentarité sexuelle, le corps entre également dans une relation d’assujettissement avec un petit. Le petit est à la fois dépendant de son procréateur et assurance de son avenir. Car la survie de l’espèce est liée à celle de la progéniture aussi sûrement que mes enfants paieront ma retraite. Quoi non ? Bon d’accord… Le procréateur se double donc d’un géniteur qui accompagne le petit jusqu’à sa maturité qui fera de lui un sujet autonome.
Par analogie avec la gnosie, Gagnepain redéfinit donc le sujet comme une fonction naturelle gestaltique qui confère à l’individu organique ses frontières et son autonomie. Le sujet dresse une frontière créatrice à la fois d’un dedans et d’un dehors, de lui-même et de son environnement. Chaque sujet dispose d’un environnement qui lui est particulier : celui de la mouche n’est pas celui de la vache, ni de l’#anthropien La part animale de l’humain More, encore moins de l’humain.
Pour le psychologue Jean-Luc Brackelaire, « somatiser signifie se familiariser avec un lieu, un moment, un entourage d’autres sujets. C’est construire de la familiarité, de la reconnaissance, être ici, maintenant et avec. » On reconnait les trois dimensions qu’on croisera souvent en sociologie : espace, temps, milieu.
Par somatiser, il faut comprendre ici incorporer, unir intimement, intégrer naturellement. Et n’importe quel documentaire animalier vous fera clairement comprendre comment l’animal, tout en étant autonome, est parfaitement adapté à son environnement et en intègre les éléments : c’est une condition de sa survie. L’anthropien est également adapté à la nature qui l’entoure en sa qualité de sujet : il existe sur terre tout ce qui lui faut pour exister. En tant qu’humain, c’est une autre affaire.
Le terme de sujet est ambigu puisqu’il désigne aussi bien l’autonome que le dépendant, le facteur comme le déterminé : le sujet de l’action n’est pas le sujet de sa majesté. Toujours est-il que, grâce à des prédispositions génétiques, le sujet incorpore des données (au sens de ce qui est offert et non d’informations) qui lui viennent de son environnement. C’est la mémoire, le stockage corporel, ce que l’on pourrait appeler l’habitus.
Remarquons au passage qu’habit, habitat, habitude et #habitusSavoir social incorporé, conditionnement social qui se traduit par des habitudes, des manières, des conduites et des façons de dire, de faire, de juger et d’être. More ont la même racine latine habere : avoir.
Là se joue toute la problématique de l’acquis et de l’inné que je ne vais pas trancher ici. En instaurant de la frontière entre intérieur et extérieur, le sujet développe un patrimoine génétique inné en interne (les fonctions) et acquiert des capacités (leur mise en oeuvre). Par mimétisme, le jeune va développer son potentiel en fonction du milieu dans lequel il évolue. Celui-ci étant culturel, il sera souvent difficile de faire la part de l’inné et de l’acquis, du développement naturel et de la transmission culturelle. L’éthologie anthropienne ne peut donc être confondue avec une science humaine mais elle a sans doute beaucoup à leur apporter dans l’établissement des domaines d’études.
Chez l’homme, la maturation du sujet dure, à la louche, entre douze et seize ans : la maturité se constate en effet par la capacité de reproduction de toutes les autres fonctions, la possibilité d’enfanter un autre sujet. Cette période transitoire qui clôt l’enfance, c’est la puberté, l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte.
C’est sur ce socle éthologique (individu biologique + sujet animal) que va pouvoir se construire la Personne, étage véritablement culturel de notre être auquel toute cette partie va être maintenant consacrée.
Toute le reste est littérature ! A la revoyure !