C18 – Le ministère du sport pour tous

Alors qu’il relève de l’activité ludique, c’est à dire qui n’a pas d’autre finalité qu’elle même, le sport occupe une place prépondérante dans nos sociétés occidentales. Si les sports se sont tout d’abord développés en France sans planification au sein de fédérations de clubs autogérés, l’État s’est, à partir du Front populaire, progressivement immiscé dans les affaires sportives jusqu’à les doter d’un ministère à part entière. Ne dérogeons pas à cette habitude mais mettons-y un peu de nerf.

Résolument communistes – C18

« Le sport ne me doit rien et je ne dois rien au sport » Éric Ciotti

Au Gouv’, le poste de ministre des sports reste à pourvoir. Cela dit, le site, et par conséquent le mouvement, a l’air en stand by depuis plus d’un an. Du coup, c’est Éric Ciotti qui a décidé de former un « shadow cabinet » avec sa bande de bras-cassés.

On notera qu’après avoir été le ministère de la Jeunesse et des Sports, ce maroquin est devenu sous Macron le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, JO 2024 oblige. On voit d’avance l’objectif propagandiste du gouvernement avec un président qui s’exhibe sur les stades où pourraient pourtant bien l’attendre quelques surprises.

Le sport à deux vitesses

L’idée de réclamer des douches ne vint pas ce jour-là en tous cas à Jugon-le-Lac.

Actuellement, l’Agence nationale du sport a une double mission. Quantitativement, il s’agit d’inciter et de permettre l’accès à la pratique du sport de leur choix à tous les publics sur l’intégralité du territoire, en tenant néanmoins compte des particularités géographiques, climatiques et historiques de chaque région. L’État et les collectivités territoriales ont donc pour tâche de faciliter l’exercice de l’activité physique mais également de la pratique compétitive, et c’est là sa dimension qualitative. Cette bi-axialité, Léo Lagrange, le sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des Loisirs pendant le Front populaire, la note dès 1936: « Dans le sport, nous devons choisir entre deux conceptions : la première se résume dans le sport spectacle et la pratique restreinte à un nombre relativement petit de privilégiés. Selon la seconde conception, tout en ne négligeant pas le côté spectacle et la création du champion, c’est du côté des grandes masses qu’il faut porter le plus grand effort. Nous voulons que l’ouvrier, le paysan et le chômeur trouvent dans le loisir la joie de vivre et le sens de leur dignité ».

Léo Lagrange sert des paluches lors de la finale de Rugby du Championnat de France en 1937. La question des sponsors commerciaux n’était pas encore à l’ordre du jour.

Pour notre part, nous avons beau reléguer la concurrence au placard de l’aveuglement libéral, nous pensons que le concours sportif, c’est à dire la compétition pour l’honneur, exempte de tout intéressement financier, s’inscrit sans problème dans notre perspective résolument communiste. Cependant nous privilégierons la pratique amateur hors compétition à l’instar de ce que préconisait  Léo Lagrange: « Notre but simple et humain est de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé et de construire une organisation des loisirs telle que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur ». Devant le parlement en 1937,  Léo Lagrange exprime encore plus clairement sa pensée: «Notre souci est moins de créer des champions et de conduire sur le stade 22 acteurs devant 40 000 ou 100 000 spectateurs, que d’incliner la jeunesse de notre pays à aller régulièrement sur le stade, sur le terrain de jeux, à la piscine ». 

Halte aux cadences infernales

Les Charlots représentent assez bien l’état de mauvais esprit qui était le mien lors des compétitions sportives au lycée.


La course à l’excellence est, en revanche problématique, car elle engendre une chasse aux champions émergeants et un drainage des talents vers des pôles d’attraction, en gros les centres urbains, au détriment des petites villes et des zones rurales. Le football pratique la chose à une échelle planétaire: l’Afrique est ainsi dépossédée de ses meilleurs joueurs en herbe qui viennent s’épanouir sur les gazons européens à coups de millions. L’argent gangrène ainsi le sport et si l’excellence n’est pas à proscrire, il est évident que l’exploitation des jeunes sportifs de haut niveau par une mafia de parasites est à combattre. 

La compétition à enjeu nationaliste est également un prétexte à l’exacerbation du chauvinisme le plus virulent. Faut-il rappeler la guerre que le bloc de l’Est et l’Occident se sont livrés dans les stades, aux agrès ou sur les tapis de gymnastique? Les Chinois ont pris la relève pour contrer l’insolente suprématie américaine. Mais le problème reste le même: l’utilisation du sport pour affirmer une supériorité idéologique alors même que l’activité sportive, telle que la théorie de la médiation la conçoit, à l’instar de la danse ou de l’art en général, n’a pas d’autre finalité que celle du geste lui-même. Certes il tend vers l’efficacité (plus vite, plus haut, plus loin) mais au sein d’une visée industrieuse non-utile: si cette question de visée vous interpelle, je vous renvoie à un article plus complet sur le site. 

Chère Nadia, j’ai éperdument été amoureux de toi. J’avais 12 ans, tu en avais 15, moi devant ma télé, toi sur le tapis de Montréal. Je suis aujourd’hui marié, remarié et même reremarié, père de trois enfants et même grand-père. Je pense qu’il est grand temps de renoncer l’un à l’autre. Cordialement. Titeuf

Dans un état d’esprit où compte l’épanouissement de chacun au coeur du groupe, quel intérêt peut présenter la plus haute marche du podium pour nos sportifs? En d’autres termes, si on décide de mettre de côté la nationalisme exacerbé en matière de compétition sportive, un nationalisme qui pousse les sportifs de haut niveau à la monomanie, avec une discipline obsessionnelle et une hygiène de vie qui vire à l’ascétisme quand ce n’est pas à l’abrutissement, sans oublier les dérives du coaching abusif (un phénomène qu’on retrouve dans la danse et la musique à cause notamment des concours internationaux), ne peut-on pas envisager de redonner au sport sa noblesse de pratique amateur et de le débarrasser des enjeux politiques et financiers qui détruisent les existences, du dopage qui détruit les corps et des abus de pouvoir qui fragilisent le mental? Car si la nation se retrouve parfois soudée et unanime derrière son équipe ou une icône, rappelons que le sport ne sert par principe à rien. Il n’est par essence d’aucune utilité et lui en octroyer une par ce biais n’est sans doute pas sain. La finalité du sport ne saurait être assujettie à des objectifs extérieurs au beau geste. 

Axiologie de l’effort gratuit

Jim Hines est le premier sprinter à descendre sous la barre légendaire des 10s en 1968. Ça ne l’a pas empêché de nous quitter au petit trot le 3 juin 2023.

Reste la question de l’exploit car si le sport est pure gratuité, il n’en est pas moins porteur de valeur: celle de l’effort physique sans autre récompense que le fait d’être accompli. S’entrainer toute une vie pour courir le 100 mètres en moins de 10 secondes ou pour lancer sans canon un boulet d’acier au-delà de 23 mètres réclame une abnégation peu commune et de la discipline à tous les étages, encore plus si on sait qu’on ne sera jamais qu’un second couteau. On a coutume de dire que le sport est une excellente école de la vie. Comme dans le jeu, on apprend à perdre et à repartir de zéro. Le sens du collectif, et ça vaut aussi pour l’orchestre et le corps de ballet, se cultive au sein de la mêlée, dans la passe décisive et l’esprit d’équipe: l’individu s’y fond dans le groupe. 

Le premier Comité International Olympique au cours des négociations sur la longueur minimale des shorts masculins.

Le sport a donc toute sa place dans une société communiste mais pas la corruption qui règne actuellement au CIO, dans les fédérations et dans de très nombreux clubs. Le salaire à vie résoudrait sans doute beaucoup de problèmes sur le plan national: l’exploitation des athlètes pourrait prendre fin et on verrait également disparaitre tous ces parasites qui vivent sur le dos des sportifs de haut niveau, non pas les entraineurs qui participent à l’émulation mais les agents commerciaux dont l’unique but est de valoriser le capital que représente leur champion, parfois aux dépends de la santé et des intérêts de ce dernier. Et je passe sur les présidents de fédération dont l’embonpoint n’a d’égal que le portefeuille. 

Cette discipline olympique appelée le « table chase » est une invention personnelle que je n’ai pas l’intention de faire homologuer.

Fin 1937, à la tribune de la Chambre des Députés, Léo Lagrange allait déjà dans ce sens: « Si nous avons à faire un effort commun dans le domaine sportif, comme dans bien d’autres, c’est un effort de moralité. J’ai écouté avec grand intérêt M. Temple qui a fait apparaître les dangers redoutables du développement du sport professionnel. Hélas ! lorsqu’on accepte qu’un geste humain qui, par nature doit être désintéressé, devienne la source de profits importants, la juste mesure est très difficile à déterminer. Je crois que le jour où l’on a admis que le jeu sur le stade pouvait être l’occasion de profits importants, on a fortement atteint la moralité du sport. Aussi, de toutes mes forces et quelles que soient les critiques, parfois sévères, dont mon action pourra être l’objet, je m’opposerai au développement du sport professionnel dans notre pays. Je détiens au Parlement la charge de servir les intérêts de toute la jeunesse française, et non de créer un nouveau spectacle de cirque ». Sacrée clairvoyance, notre sous-secrétaire d’État ! 

Dégradation de la note à l’international

Le retour des bas dans le tennis féminin: une polémique dont Jean-Luc Mélenchon se serait bien passer.


Il est certes à craindre qu’avec la disparition de ce système d’élevage national des champions, la France en vienne à sérieusement régresser au classement international. Mais que nous importe si ce qui compte, c’est le bien-être physique et la dignité (le bien-être social) de chacun? Le sport participe à l’épanouissement de la personne s’il n’en devient pas l’unique objet de dépassement ou de passion. Un esprit citoyen dans un corps résistant vaut mieux que toutes les médailles du monde. Ça ne veut pas dire qu’on supprime la compétition mais qu’on la recadre dans une redéfinition communiste du sport où la culture du respect des règles et du fair-play l’emporte sur la gagne à tout prix, la tricherie et la prise de stimulants interdits, des valeurs négatives dont se régale pourtant le capitalisme.

En 2017, Usain Bolt est devenu ambassadeur… de PokerStars, une boite de poker en ligne, comme Rémi Gaillard. De vrais gagnants, ces deux-là!

La niaque galvanise les organismes et, cadrée par une morale sportive, peut mener aux performances les plus spectaculaires. Mais au nom du spectacle, le sport ne perd-il pas de son essence? Ne prend-il pas une place dans nos vies beaucoup trop importante au détriment de pratiques plus riches de sens? Pratiqué à outrance, participe-t-il à l’émancipation de l’être ou au contraire, ne l’aliène-t-il pas davantage à une idéologie du loisir?

Quel cirque!

Un entrainement pour vider une brouette: le sport utile pour apprentis-maçons. Une idée de Pap Ndiyae

Ne rejoint-il pas alors la performance circassienne dont l’intérêt est discutable en dehors de l’aspect récréatif? Le cirque est un divertissement et, en tant que tel, ne peut occuper qu’une place limitée dans une existence équilibrée, d’un point de vue de spectateur d’une part mais aussi d’un point de vue de performeur. Y consacrer une vie entière, y sacrifier parfois sa santé (les corps sont mis à rude épreuve) peut-il se justifier? Le salaire à vie peut justement servir à protéger le sportif de haut niveau (l’acrobate est compris dans le lot) d’une dérive performantielle. La durée d’une carrière sportive est relativement courte et, dans un système capitaliste, le champion doit s’assurer en peu d’année un matelas financier suffisant pour subsister jusqu’à la fin de ses jours. Au siècle dernier, le coureur cycliste sans envergure cumulait ses gains pour investir dans un magasin de cycle lors de sa retraite. Le salaire à vie le dispense de capitaliser pour assurer la suite. Ça ne l’empêchera nullement de devenir marchand de cycles ou animateur de club mais ça le protégera de l’angoisse de ne pas être à la hauteur dans un univers de pédaliers monstrueux où les produits dopants détruisent les organismes et abrègent les vies.

Cliché très rare où l’on aperçoit Jerry Inequallegs (en dernière position) au 110 mètres haies des Jeux paralympiques de Melbourne.

En revanche, s’il est formé de manière plus complète pour ensuite transmettre son savoir-faire, l’athlète déclinant peut avoir une aura toute particulière pour ses élèves et mieux les inspirer dans l’apprentissage. Le formateur en école de cirque n’a pas besoin d’exceller sur la piste aux étoiles pour faire un très bon pédagogue et s’épanouir dans une pratique à plusieurs facettes: la scène d’un côté, l’enseignement de l’autre.

Il faut donc repenser toute l’activité à caractère sportif. Ce qui est une formidable école de la discipline ne doit pas devenir une fabrique à champions. 

Votre serviteur est le deuxième adulte en partant de la gauche. A droite, vous aurez reconnu Philippe Katerine qui enseignait l’option force de vente.

Lorsque j’ai enseigné en 1999 à l’OGC Nice, j’ai vu les méfaits que le sport de haut niveau pouvait entrainer sur des jeunes dont l’unique ambition était de devenir professionnels. Prêts à d’énormes sacrifices sur le plan physique (il leur était par exemple interdit d’aller flâner en ville la veille des matches pour ne pas se fatiguer les jambes), soumis à des entrainements musculairement épuisants (pour ne pas dire abrutissants) et à des matches dominicaux intensifs, les juniors étaient incapables d’ingurgiter en deux jours de bourrage de crâne (lundi et mardi) ce que les élèves de BEP vente de leur âge assimilaient péniblement en cinq jours. La formation a d’ailleurs été un fiasco et n’a pas été reconduite après un retentissant 100% d’échec à l’examen. Le seul stagiaire qui aurait pu réussir sa formation a intégré l’équipe pro après trois matinée de cours avec moi. Brillant sur le terrain et buteur redoutable, il a vite fait sa place dans l’équipe de ligue 2 mais ce jeune musulman d’origine tunisienne a dû rapidement être « exfiltré » par sa famille parce que, grisé par des gains substantiels, il s’était mis à jouer au casino, dilapidant ce qui était devenu un filon d’or pour toute la famille. Cette dernière l’a mis à l’abri au bled pour une sorte de cure de désintoxication.

Le roi Pelé au New York Cosmos a dû apprendre à ses coéquipiers à jouer sans plumes.

Les gains faramineux sont ainsi dévastateurs sur les joueurs de football qui se laissent éblouir par cette ascension financière fulgurante. Le milieu du football ne constitue pas, loin s’en faut, l’épicentre de l’émancipation politique.

Je suis toujours sidéré de voir comment mes apprentis actuels sont hypnotisés par ces « réussites » footballistiques tant sur le plan sportif que financier. Ils défendent la légitimité des sommes gagnées pourtant sans commune mesure avec leur maigre salaire. Nulle jalousie ne les fait dénigrer ces millionnaires pas toujours très exemplaires ni futés. Le football participe ainsi à la paix sociale qui profite à la bourgeoisie. Je ne condamne pas cette communion réparatrice qui permet aux foules de prolétaires malmenés par le système de se projeter dans une équipe gagnante. 

Les tribunes du coma politique

Johnny Repp entouré de quelques amis plutôt crampons.

Môme, j’ai comme toute ma génération supporté Saint-Etienne lors de la Coupe d’Europe dans les années 70. Mais nous n’étions pas encore dans le spectacle. Nous étions toujours dans une autre dimension chorale où notre désir de dignité s’incarnait dans ces hommes qui nous ressemblaient un peu. L’équipe de France a parfois retrouvé cet esprit, notamment en 82 et en 98. Guingamp et certains petits clubs durant la Coupe de France ont assuré ce rôle de catalyseur héroïque. Mais ce phénomène de projection n’est pas émancipateur: il aveugle plus qu’il n’éclaire. Certes un joueur comme Rocheteau, l’ange vert, ou un tempérament comme Djokovic forcent le respect et peuvent servir d’exemples. Mais l’importance que les médias au service de l’ordre social accorde aux performances est suspecte. Pour sûr qu’ils y trouvent matière à entretenir le détournement de l’attention du public et un échappatoire à ses frustrations. Le sport-spectacle draine à lui les énergies et disperse l’attention: les matches des différentes ligues des champions se succèdent sur les écrans. JO, championnats du monde, d’Europe, open internationaux de tennis, tournoi des cinq nations, les médias ont taillé une place de choix pour le sport. Le pouvoir a bien compris l’intérêt qu’il y avait pour lui à concentrer sur des exploits futiles mais spectaculaires l’attention des foules.

Alors que sa pratique est formatrice, le sport est un puissant dérivatif à la colère populaire. La révolution ne se fera pas dans les stades. Certes on y siffle un peu Macron comme lors de la Coupe de France (où les joueurs n’ont même pas marqué une pause à la 49ème minute d’un match plié à la mi-temps, ce qui aurait pourtant eu du panache) mais ce dernier compte bien sur les JO de Paris pour braquer l’attention des français sur leurs écrans plasma. 

La sauteuse en hauteur suédoise Gunhild Larking en 1956. Contrairement à elle, cette photo n’a pas pris une ride.

Autre piège à foule: les rassemblements caritatifs où l’on vient faire de l’exercice pour la bonne cause. Je suis toujours stupéfait et un peu désespéré, il faut bien le reconnaitre, par leur succès. J’ai récemment eu maille à partir avec une association de médaillés sportifs qui organisait son parcours du coeur le matin du 1er mai. Le cortège des travailleurs a ainsi croisé sa députée de droite qui trottinait pour les cardiaques. Bien sûr, on n’est pas obligé de manifester le 1er mai. Mais de là à organiser ce même jour, presqu’au même endroit, un évènement sportif et caritatif qui vient suppléer les carences de l’État, il y a une marge que cette association, encouragée par la droite locale, a franchi sans même, selon ses dires, y voir malice. En revanche, son président crie au scandale quand je pointe la chose, un peu acidement certes, mais de manière justifiée sans aucun doute. Je précise que cette année, le 1er mai tombait un lundi. Le coeur bat aussi bien le dimanche, non?

Bref, le sport qui a pris une ampleur inédite dans nos sociétés sédentaires et mécanisées est l’enjeu de conflits à plusieurs facettes. Il permet d’une part au populaire de s’exprimer par le corps au même titre que le cirque, le hip hop, le rock ou le disco. On peut s’y distinguer techniquement et s’y surpasser, c’est à dire s’y valoriser à ses propres yeux avec une plus-value affective personnelle que procure la bonne performance. A ce titre, le sport doit faire l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics: participation à la construction et à l’entretien des infrastructures (piscines, stades, terrains, parcours, salles, vestiaires…), gestion des équipements, participation logistique à l’encadrement fédéral des clubs qui restent la base de l’autogestion associative souhaitable du mouvement sportif. 

L’escadrille des espadrilles blanches participa aux bombardements sur l’Angleterre.

Peut-être parce qu’il en avait constaté les dérives dans les régimes nazi et fasciste, Léo Lagrange, toujours, résume bien le danger que peut représenter la main mise du pouvoir sur le sport, et sur les activités non-productives d’une manière générale: « Il ne peut s’agir dans un pays démocratique de caporaliser les distractions et les plaisirs des masses populaires et de transformer la joie habilement distribuée en moyen de ne pas penser. »

Tourné en 1975, autrement dit beaucoup trop tard pour ces pauvres enfants, Rollerball dénonce les dérives des sports de contact et leur utilisation par les pouvoirs totalitaires.

Cela dit, si la pratique populaire du sport fera l’objet d’investissements publics, aucune instance étatique n’empêchera les pratiquants de s’organiser en fédération pour mettre sur pied des compétitions, des coupes et des championnats, mais avec des financements privés (cotisations et billets). En d’autres termes, la compétition devra s’autofinancer. Encore une fois, le salaire à vie résout la question des primes aux joueurs et aux coureurs: pas besoin de gagner pour assurer son gain, la victoire devient ainsi une affaire de dignité. On retrouve alors l’esprit originel des Jeux olympiques. Le mot « prix » devrait même disparaître du vocabulaire des courses à plus ou moins court terme. 

Devoir de santé publique

Dernier point, le ministère pourrait, en partenariat avec le celui de la Santé, promouvoir le sport comme un devoir de santé publique, sans obligation de pratique mais avec pour objectif la prise de conscience de l’intérêt général dans la pratique d’une activité pour pallier la sédentarité. Nous renvoyons pour cela au site de Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire qui oeuvre dans ce sens.

Reste que l’effort physique peut se vivre au quotidien dans nos déplacements, dans les « corvées collectives » dont nous reparlerons et d’une manière générale dans la participation corporelle à la décroissance énergétique: notre corps constitue un outil formidable qu’il convient par ailleurs de sustenter correctement. Mais cela relève des ministères de la Santé et de l’Agro-écologie dont les bureaux seront juste en face du carré des sports. Quant au maintien ou pas de l’éducation physique à l’école, ce sera une question à soulever.

A la revoyure !