Catégorie : les Anthropochroniques

Qu’en est-il de la propriété dans l’univers virtuel de la toile? De la richesse s’y crée et des fortunes s’y font. Mais les cas les plus intéressants concernent de généreux donateurs dont j’ai la prétention de faire partie, tout simplement parce que j’ai tellement reçu que je me dois de partager ce que je crois pouvoir être utile aux autres.

Dans « Les Héritiers », un bouquin aussi vieux que moi, Bourdieu et Passeron opposaient les héritiers justement aux déshérités. Le second terme nous parait un peu abusif: fils à papa ou pas, on hérite. Ou on se déshérite soi-même. Enfin.. on tâche!

On rêve tous d’hériter. D’un vieil oncle oublié en Amérique qui aurait fait fortune dans l’industrie de la pizza à Chicago. Ce n’est pourtant pas un cadeau, l’héritage… à grosses doses en tous cas.

La propriété dépasse les frontières du matériel et s’impose également dans les domaines artistique et intellectuel. Même si c’est impalpable, certains palpent un maximum.

« On imagine trop la société comme une société de gavage, de surconsommation ; or si on veut que la société soit une société d’hommes, il faut que cela soit une société de gens qui s’auto-rationnent. »  Jean Gagnepain 8 leçons p163

Si cela peut rassurer nos amis propriétaires, nous distinguons ici la propriété d’usage et la propriété lucrative, celle qui travaille toute seule pour rapporter à son rentier. Un distinguo qui vaut son pesant d’or.

La propriété ne disparait pas en principe avec l’incarcération mais la prison la contraint et réduit son champ d’action. Petite escapade derrière les barreaux.

Si l’on passe notre temps à étiqueter nos propriétés, et donc à poser des bornes, c’est pour pouvoir les garder ou les céder dans de bonnes conditions, franchir la barrière ou au contraire stopper le flux. Nous avons vu, dans l’épisode précédent, que les parents le vivent avec leurs ados et ce n’est là que le microcosme d’une géopolitique à l’échelle planétaire que nous allons tenté d’illustrer par un autre bout de la lorgnette.

« Si j’avais à répondre à la question suivante : Qu’est-ce que l’esclavage ? et que d’un seul mot je répondisse : c’est l’assassinat, ma pensée serait d’abord comprise. Je n’aurais pas besoin d’un long discours pour montrer que le pouvoir d’ôter à l’homme la pensée, la volonté, la personnalité, est un pouvoir de vie et de mort, et que faire un homme esclave, c’est l’assassiner. Pourquoi donc à cette autre demande : Qu’est-ce que la propriété ? ne puis-je répondre de même : c’est le vol, sans avoir la certitude de n’être pas entendu, bien que cette seconde proposition ne soit que la première transformée? » P-J Proudhon

La propriété nous colle à la peau, c’est le cas de le dire, et le corps est le premier espace physique sur lequel la Personne va exercer sa faculté d’appropriation sans pour autant s’y cantonner.